Nathalie GRIESBECK, notre première conférencière, ancienne député européenne, va ensuite s’attacher à nous décrire les influences réciproques entre la France et l’Union européenne. Elle rappellera en ouverture le fonctionnement de cette institution, basé sur trois pôles : le Parlement (les élus), la Commission et ses commissaires (un par État) et le Conseil (les 27 chefs d’État ou de gouvernement). Retenons que notre pays, membre fondateur, demeure, par ses atouts, l’une des pièces maitresses de cette union. Le moteur franco-allemand connait des hauts et des bas dans son fonctionnement, mais sans lui, nous n’en serions pas là. Les bouleversements géopolitiques actuels et la résurgence des empires créent un climat d’inquiétudes et chaque État - membre est fortifié par son appartenance à l’UE : nous avons besoin de l’Europe. Les politiques européennes définissent un cadre, s’agissant des compétences détenues, dans lequel chaque nation s’inscrit. Et Nathalie GRIESBECK terminera son propos en rappelant la prééminence du droit européen sur celui des États.
Le Général François CHAUVANCY, expert consultant en géopolitique, prendra ensuite la parole pour aborder la question de la défense de l’Europe. La chute du mur de Berlin, la disparition de l’URSS et la recherche effrénée des « Dividendes de la Paix » ont généré un désarmement insidieux et sournois dont nous risquons de payer le prix fort, avec la résurgence des menaces qui pèsent sur notre continent aujourd’hui, si nous ne réarmons pas. Mais le réarmement militaire n’est possible que s’il est accompagné d’un réarmement politique, moral et industriel. La France dispose de nombreux atouts : une armée conventionnelle aguerrie, disposant de tout le spectre capacitaire, même à titre malheureusement échantillonnaire, une dissuasion nucléaire indépendante et un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. La question d’une armée européenne n’est pas d’actualité, l’Union européenne ne dispose pas de cette compétence, mais l’Europe de la défense peut se concevoir à partir de coalitions des armées de chaque État membre. A la question, posée par un participant, d’un retour possible du service militaire obligatoire, le Général CHAUVANCY répondra que ce n’est pas possible dans un mode dupliquant celui qui existait pendant la guerre froide et qu’il faut par contre réfléchir à un système encourageant par exemple des volontaires à rejoindre la réserve opérationnelle. Lors de sa conclusion, il rappellera une exigence, celle de renforcer la sécurité des Européens dans un contexte de retrait possible du « parapluie » américain, au vu des déclarations récentes du nouveau Président des États-Unis. L’établissement d’un rapport de forces crédible est plus que nécessaire : « Si vis pacem, para bellum ».
Richard STOCK enfin, ancien directeur général du Centre européen Robert SCHUMAN, replacera notre territoire dans le concert européen à travers la Grande région, vaste ensemble transfrontalier regroupant la Lorraine, le Luxembourg, les länder de Rhénanie Palatinat et Sarre, la Wallonie et les Communautés française et germanophone de Belgique. Cet espace est d’abord celui d’un immense bassin d’emplois : plus de 270 000 frontaliers dont 133 000 lorrains traversent quotidiennement l’une des frontières pour rejoindre son lieu de travail. C’est également un espace de coopération entre les différentes collectivités pour construire des projets en commun.