Creuset de la démocratie, du théâtre et de quelques autres fondamentaux, parmi lesquels l’architecture classique, la Grèce faisait languir les Rotariens qui avaient projeté de participer au voyage de l’Amitié.
Étouffé une première fois par la crise de la Covid, il a cependant fini par être organisé et semble avoir comblé ses 37 participants.
Face à des fûts de colonnes cannelées éparpillés, l’esprit frondeur du visiteur rotarien veut y voir un profil de roue dentée. Culture rotarienne quand tu nous tiens ! Reste que l’observateur a l’œil et que son instantané a du vrai. En outre, il faut bien trouver un lien entre la Grèce antique, les Météores, les iles Saroniques, qui constituent l’argument de cette semaine entre Péloponnèse et mer Égée et… la qualité de ces voyageurs participants.
A la tête de cette immersion de civilisation, un quarteron de…gouverneurs du 1790 emmené par l’actuel titulaire Pascal Péran, qui ne boude pas son plaisir de se retrouver au cœur même de l’amphithéâtre d’Epidaure, dans lequel et avec amusement, certains ont imaginé voir un lieu de tenue d’assemblée de District prochaine. Une autre manière de filer la métaphore rotarienne et donc de croiser deux gammes de cultures, sans jamais négliger la bonne humeur. Car quasi écrasant, le patrimoine grec aurait pu épuiser les ressources de nos hôtes. D’autant que le rythme et la densité du programme tenaient de la gageure. Mais non ! Non seulement malgré des menus, oscillant entre 250 et 350 kilomètres dans la journée, bouclés par un autocar empruntant des chemins de traverse, plutôt que des axes autoroutiers, l’humeur est demeurée joyeuse, mais des liens plus étroits semblent s’être tissés. Comme si cette infusion d’architectures inspirantes avait produit une intense décoction d’âme humaine.
Merveilles et misères
La quête de l’âme, selon les moines orthodoxes, les ayant conduits à hisser leurs monastères sur des pitons rocheux très, mais très-très escarpés « les Météores », a exigé du cœur à nos visiteurs pour se hisser sur ce promontoire, qui fut un refuge contre les Turcs. Mais ils ont été payés de retour par un panorama époustouflant s’offrant à leurs yeux. Un émerveillement après un essoufflement. Olympie, Delphes, Kalambaka, du sanctuaire d’Apollon à l’Aurige conducteur de chars, l’apnée en archéologie et au panthéon grec ont, tel un millefeuille, constitué l’ordinaire de nos touristes rotariens. Pour couronner cette escapade fondatrice, Athènes et ses monuments emblématiques ont déroulé leurs merveilles et leurs misères. A ce propos, les échanges avec les personnes croisées, ou avec les guides ont permis de mesurer ce que la crise grecque a fait subir aux citoyens de ce pays. Un terrible séisme de pouvoir d’achat qui a frappé la société, menacé un temps la zone euro et dont le pays a commencé à se relever après la ravageuse cure d’austérité, quand la pandémie est venue geler ce pan considérable de l’économie que constitue le tourisme. En quelque sorte ce voyage rotarien du District 1790 qui s’est lui-même placé sous le signe du rebond, a aussi signé le redémarrage de la manne culturo-touristique. Rotary quand tu nous tiens ! Mais la Grèce c’est avant tout la mer. Aussi eût-t-il manqué à nos voyageurs un embarquement, s’ils n’avaient mis le cap sur Egine afin d’y décortiquer les pistaches, puis sur Poros et ses plages. Or, comme tout avait débuté par une découverte du canal de Corinthe imaginé en son temps par l’empereur Néron, mais réalisé dix-neuf siècles plus tard, la boucle avec cette Grèce tout à la fois maritime, ilienne, jamais franchement continentale, mais sûrement bénie des Dieux selon la formule, a bien été bouclée.
Connivence permanente
Bernard Casadamont, qui a été le deus ex machina de cette bouffée de culture et d’amitié, le pied à peine posé à Nancy, écrit : « La pression commence à retomber alors que les vicissitudes quotidiennes reprennent le dessus. Mais ce qui ne retombe toujours pas, ce sont les souvenirs accumulés à travers des visites inoubliables, et surtout les intenses moments d'amitié, de partage et de chaleur humaine. Le site WhatsApp initié par Bertrand et que chacun a contribué à remplir jour après jour, l'album souvenir que nous proposera Patricia, l'odeur des plantes que nous a fait découvrir Jacques, les nuances de la langue grecque détaillées par Marie-Christine, les subtilités de l'histoire de la médecine racontées par Jean-Paul, les savoureuses chroniques quotidiennes de Pascal, les magnifiques paysages et monuments visités et surtout notre connivence permanente, tout cela est profondément ancré au fond de mes yeux et de mon cœur.
Merci encore pour ces moments inoubliables et pour votre confiance permanente. J'espère que nous pourrons toutes et tous répondre à l'invitation de Pascal de nous retrouver dans les Vosges à l'automne, pour revivre ces magnifiques moments partagés. » La magie du voyage de l’Amitié semble avoir bien opéré. Car comme on le prétend à Delphes… la Pythie vient en mangeant. Là, ils ont savouré !
Gilbert Mayer